Séances ponctuelles

Au-delà de la durée limitée des Rencontres Internationales, des séances de projection sont présentées dans le cadre de collaborations avec des musées et des centres d'art, des écoles, des cinémas et des festivals, permettant d’atteindre d’autres publics et de contribuer à une diffusion plus large des oeuvres programmées.

Politique.0

Espace Niemeyer, Paris, France | 01-03 octobre 2010

À l'invitation du collectif RyBN et de Upgrade! Paris, Les Rencontres Internationales présentent une sélection de cinq films et vidéos significatifs de leur programmation et des nouvelles pratiques contemporaines de l'image en mouvement. Les oeuvres choisies entrent en résonnance avec l'architecture singulière conçue par Niemeyer et avec l'histoire spécifique du lieu.

Manuel Saiz : Upwards compatible

Vidéo |beta num. | couleur | 0:08:30 | Espagne / Royaume-Uni | 2002
"Upwards Compatible" est un générique d'ouverture pour le film "2001 : L'odyssée de l'espace", réalisé par Stanley Kubrick en 1968 - la projection emplit l'espace de la galerie, tant par la taille de l'image que par la qualité et le volume du son. Les images ainsi projetées sont conçues pour répondre aux critères des génériques d'ouverture de films, notamment ceux des grosses productions américaines. Le nom du film, ceux des acteurs et des membres de l'équipe technique apparaissent en rythme à l'écran et se déplacent en suivant le tempo de la musique. Cette oeuvre se veut un supplément à "2001 : L'odyssée de l'espace", auquel il manquait un générique d'ouverture. Sur cette vidéo, les noms des acteurs et des techniciens ayant collaboré au film de 1968 trouvent ainsi leur place au générique.
Né en Espagne en 1962, Manuel Saiz vit aujourd'hui à Londres. Il est co-fondateur de UNXposed (www.unxposed.com) et de la VideoArtFoundation.

Peter Downsbrough : A]PART

Vidéo | dv | noir et blanc | 0:11:50 | USA / Belgique | 2009
L'impressionnant garage Citroën à Bruxelles, Place d'Yser, construit dans l'entre-deux-guerre, un prototype moderniste. Le bâtiment, naguère menacé de démolition, est encore conservé pour quelques temps et Downsbrough rend hommage au bâtiment et à ses architectes, les Belges Alexis Dumont et Marcel Van Goethem, associés à l'architecte français Maurice Ravazé. Le film en noir et blanc souligne la logique de base et le rythme du bâtiment. Le garage est divisé en deux parties, l'atelier lui-même et une salle d'exposition, et Peter Downsbrough filme les deux d'une manière ludique mais rigoureuse du point de vue formel, sans oublier ces originalités qui constitue la griffe de Downsbrough, intégrant par exemple des séquences narratives de bruits d'ambiance ou surimposant des mots, tels « In time » au début du film. Des mouvements typiques de voitures alternent avec des mouvements proprement cinématographiques, comme des panoramiques, parfois aussi des images fixes, et le film devient de plans fixes, des photographies. Filmé du point de vue du passager d'une voiture qui parcourt la gigantesque rampe en spiral, le film montre l'intérieur du garage et des échappées à travers ses vitres jusqu'au paysage alentour. Dans un sens, le bâtiment est filmiquement déconstruit par Downsbrough : de haut en bas (y compris les gros plans sur le sol taché du garage) il est analysé visuellement et scruté. Ainsi la physicalité du bâtiment impose-t-elle ses règles de cadrage au film, des « règles » avec lesquelles l'artiste joue de manière évidente - comme toujours. Vers la fin du film, nous assistons à une ronde quelque peu absurde et joyeuse de voitures au rond-point situé en face du bâtiment, image qui rappelle la célèbre dernière scène du film de Tati « Trafic ».Pourtant, « A]PART » - élégant, intelligent et dégagé - possède un revers sombre aussi : il est à la fois une ode et une élégie.
Peter Downsbrough est né en 1940 aux Etats-Unis. Son oeuvre - sculpure, graphisme, photographie, vidéo, film, livre - est née d'un intérêt pour l'architecture et explore la relation complexe entre architecture, langage et typographie pour ne garder que l'essentiel. La forme est réduite à des lignes, les couleurs sont presque inexistantes. Dans ses vidéos, le mouvement et le langage sont envisagés dans leur rapport au temps et à l'espace : tous deux représentent et déconstruisent l'architecture moderne urbaine et industrielle. Il se produit en parallèle un détournement linguistique : en insérant et en interposant des blocs de mots comme AND, AS ou IN, Downsbrough fait de sa vidéo une sorte de "phrase" qui fonctionne également comme un "lieu" pouvant accueillir le spectateur. Les oeuvres de Peter Downsbrough ont notamment été présentées au Reina Sofia (Madrid), au SMAK (Ghent), au Paleis voor Schone Kunsten/Palais des Beaux-Arts (Bruxelles) et au Musée Sztuki (Lodz).

Hans Op de Beeck : Staging Silence

Vidéo | dv | noir et blanc | 0:22:00 | Belgique | 2009
"Staging Silence" se base sur des paramètres abstraits et archétypaux puisés dans la mémoire de l'artiste comme dénominateurs communs de ses différentes expériences de l'espace public. Les images vidéo elles-mêmes sont à la fois ridicules et sérieuses, exactement comme le mélange éclectique d'images dans notre esprit. Le choix de filmer en noir et blanc accentue cette ambiguïté : la qualité amateur de cette vidéo convoque l'héritage du burlesque tout aussi bien que le suspense insidieux et le déraillement latent du film noir. Le titre de la pièce se réfère à la mise en scène de décors abandonnés où, en l'absence de personnages, le spectateur peut se projeter comme s'il était le seul protagoniste. Les images de la mémoire sont des mélanges disproportionnés d'informations concrètes et de fantaisies, et dans ce film, ils se matérialisent devant les yeux du spectateur à travers un bricolage anonyme et l'improvisation de gestes avec des mains. On voit des bras apparaitre et disparaitre au hasard, manipulant des objets de tous les jours, des maquettes et des lumières artificielles créant ainsi des lieux aliénants mais presque reconnaissables. Ces lieux ne sont ni plus ni moins des décors animés pour des histoires possibles, qui sont ainsi proposées au spectateur et évoquent quelque chose pour lui. Le film est accompagné par une partition qui, inspiré des images elles-mêmes, a été composée et exécutée par le compositeur Serge Lacroix.
Hans Op de Beeck vit et travaille à Bruxelles. Sa pratique se déploie sous une diversité de médiums : sculpture, installations, vidéo, photographie, dessin, écriture... Les thèmes essentiels de son travail sont l'effacement des distances, la désincarnation de l'individu et le caractère abstrait du temps qui résultent de la globalisation et des changements de mode de vie que les médias et les technologies suscitent. Son travail a été exposé notamment au MuHKA Musée d'art contemporain d'Anvers, au Musée national d'art contemporain de Bucarest, au Hirshhorn Museum à Washington.

Jean-Luc Vilmouth : White Building

Experimental doc. | dv | couleur | 0:25:00 | France / Cambodge | 2005
En passant par le front du Bassac, dans Phnom Penh, si l'on est un voyageur attentif, on sera surpris de voir surgir une construction qui pourrait avoir l'air d'un immeuble, mais qui ressemble davantage à un grouillement architectural étonnant. On ne perçoit tout d'abord qu'un enchevêtrement de lignes bleues, de points verts et d'étoffes colorées, en suspension sur ce qui devait être autrefois une façade blanche d'architecture moderne. On apprend alors que ce grand organisme vivant a été construit par l'architecte cambodgien Van Molyvann sur le modèle de l'utopie de la Cité radieuse.
Jean Luc Vilmouth est né en Moselle. Il vit à Paris. Il expose ses oeuvres depuis 1978 dans le monde entier, il intervient en tant qu'artiste dans des revues consacrées à l'art et à l'architecture et est auteur d'ouvrages sur l'art. Il s'est illustré dans la réalisation d'oeuvres publiques. En tant que réalisateur, il a créé plusieurs films courts et des installations vidéos.

Philippe Terrier-Herman : The Pride of Siam

Vidéo, fiction | dv | couleur | 0:17:00 | France / Thaïlande | 2005
Périphérie de Bangkok. Dans l'ossature de béton d'un immeuble inachevé, abandonné, une jeune femme fascinée lit à haute voix le magazine du dernier centre commercial. Son ami écoute avec ennui puis désespoir cette insupportable lecture. Entre l'étalage de luxe du magazine et la modestie de leur situation, le décalage est énorme. "The Pride of Siam" laisse transparaître les ambiguïtés des choix de développement de la Thaïlande moderne.
Philippe Terrier-Hermann est né en 1970 en France. Après des études à la School of the Art Institute de Chicago et à la Rijksakademie van Beeldende Kunsten à Amsterdam, il séjourne à Bruxelles, à Rome, à Paris, à Tokyo, à Buenos-Aires et à Bangkok pour réaliser des travaux photo et vidéo. Depuis l'an 2000, il a exposé, entre autre, au Centre National de la Photographie de Paris, au Museum voor Fotografoe d'Anvers et à la Biennale de Sharjah aux Emirats Arabes Unis. Ses vidéos ont été projetées à l'occasion des soirées Point Ligne Plan de La Fémis à Paris, au Super Deluxe à Tokyo, aux Etablissements d'En Face à Bruxelles, à De Appel à Amsterdam et au MK2 Project-café à Paris. Certaines vidéos font parties des collections du Musée National d'Art Moderne (Centre Georges Pompidou) à Paris.