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Nicolas Tubery
Mec 65 Smeraldo
Video | mov | color | 20:0 | France | 2024
À l’automne 2023, j’ai été invité dans les Côtes-d’Armor, à Locquémeau, à porter mon regard sur le monde paysan le temps d’une résidence artistique. C’est ainsi que j’ai rencontré Audrey, qui a récemment repris la petite cidrerie de son père Gilbert. Le mois de novembre a été celui du ramassage et du pressage des pommes. Cette étape de quelques semaines est d’une importance capitale puisqu'il est question de récolter le jus des pommes pour l’année suivante. Durant cette période, il a été question pour moi d'investir ces différents espaces et temps de travail aux côtés d'Audrey et Aurélie qui est employée pour la saison. Cela m’a permis de comprendre, d’appréhender les éléments, ressentir les matières et leurs poids pour ensuite insérer le regard de ma caméra. Mec 65 Smeraldo est un film monté sur deux écrans différents, évoquant le travail à plusieurs mains, les différents points de vue et positionnements des corps ainsi que la question de la transmission et de l’apprentissage. Le geste et le vivant sont au centre du projet. Le scénario se construit naturellement au rythme des mains et des machines (Mec 65 Smeraldo est le nom de la pompe donnée par Gilbert), contournant les corps et les cuves pour assister à la transformation des fruits en jus.
ue: Nicolas Tubéry est né en 1982 à Carcassonne. Il a étudié à l’Ecole Supérieure d’Art et de Céramique de Tarbes puis à l’Ecole Nationale Supérieure des beaux arts de Paris où il obtient le DNSAP. Sculpteur et vidéaste, Nicolas Tubéry conjugue les deux pratiques dans ses œuvres. Ses recherches récentes se concentrent sur le monde paysan d'où il vient : ses phénomènes atemporels, comme une foire aux chevaux, mais aussi plus conjoncturels comme les exploitations abandonnées par manque de repreneur. Quel que soit le sujet, il concentre son attention sur les gestes du travail, et sa fascination pour les détails est contagieuse. Observant tout en sculpteur, il adapte le matériel agricole en machinerie cinématographique, puis utilise les mêmes matériaux pour créer les structures monumentales dans lesquelles il projette ses films. Il parvient, avec affection et justesse, à donner une place à la ruralité dans l'art contemporain. Marilou Thiébault