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Nasri Sayegh

OÙ NUL.LE AUTRE NE PEUT VOIR

Vidéo | mp4 | couleur et n&b | 8:30 | Liban | 2021

4 Août 2020. Explosion de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium sur le port de Beyrouth. Nous disparaissons; un instant. Certains n’apparaitront plus. Les images déferlent. Elles sont spectaculaires. Fascinent. Me viennent alors ces mots: De L’Impotence De L’Image. Image Partiale Image Partielle Impotente Inapte Assassine Faire Feu De Toute Image Tordre La Pellicule Saboter Les Pixels Pulvériser La Chambre Obscurcie Non Je N’Irai Pas Capturer L’Image Du Crime Faire Brasier De Toute Image Et Tenter Le Mot Encore Une Photographie Ne Saurait Faire Office De Document Empreinte Cérébrale Empreinte Corporelle Ceci Est Mon Image Ceci Est Mon Apocalypse Nous Sommes La Photographie Nous Sommes Le Document Ceci Est Mon Corps Exhibez-Le Sur La Place Publique Dans Vos Musées Puis Approchez Vous Regardez Dans Nos Yeux Tout Au Fond Le Brasier Le Souffle La Puissance L’Horreur Plus tard, cette autre tentative: “Où Nul.le Autre Ne Peut Voir Et/Ou Violets For My Furs”. Prologue, préliminaire, chant dernier, ce film est un essai de déplacements / polyphonies / frottements / césures erratiques / plaques mnémoniques et autres failles didascaliques. A travers l’archive intime et/ou collective, je tente de composer un prologue-prolongement d’images, pré-texte aux mots en cours, et ceux à venir.

Les images [photographies, collages, montages, broderies et mots] de Nasri Sayegh sont troubles, floues, furtives. Inquiètes, elles encourent à tout moment le risque soudain d’effacement. Puisant dans ses archives intimes, Sayegh altère, déconstruit l’image pour mieux reconstituer sa propre historiographie. Fouille archéologique/archétypale, il remonte le fil de ses Histoires au gré d’impulsions mnémoniques. Découpage, dissection dans le corps de l’image et recoupement de données visuelles deviennent prétextes pour inventer/déterrer/monter de nouvelles strates d’images et de mots. Interstitielle, l’entre-image, la presqu’image, ou le glitch (la Faille), deviennent quelque part le portrait en négatif, en creux, de l’artiste. Après des études de Lettres à l’USJ (Beyrouth) et à la Sorbonne (Paris), Sayegh s’investit dans les pratiques théâtrales et cinématographiques à l’ESAD-Paris. Acteur, il a été dirigé par Christian Merlhiot, Eileen Hofer, Jad Youssef, Jocelyne Saab. Performeur, il a été l'artiste-invité de Ilya & Emilia Kabakov, de Saâdane Afif, et de Rabih Mroué.  Son approche multidisciplinaire a été présentée dans de nombreuses expositions au Liban parmi lesquelles: «Beyrouth, Peut-Être» (2016), «Unravelled» (2016), «Keine Fotos Bitte», «Tout doit Disparaître»(2018), et au Salon d’Automne du Musée Sursock de Beyrouth (2018). En 2017 il reçoit le second Prix Photomed et publie “Mes Nuits sont plus Amères que vos Jours”. En 2021, il  a été résident à la Cité des Arts (Paris), la Villa des Auteurs (Marseille) et la Villa Arson (Nice). Né à Zahlé (Liban) en 1978, Nasri Sayegh Jr. vit et travaille dans un déplacement permanent.