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Louis-cyprien Rials

Mene, Mene, Tekel, Upharsin

Vidéo | hdv | couleur | 5:45 | France, Iraq | 2015

Mene, Mene, Tekel, Upharsin est une vidéo tournée en 2015 en Irak, à Kirkouk, à quelques kilomètres de l’Etat Islamique. Dans le champs pétrolier majeur de Baba Gurgur, un feu éternel brûle, celui du Livre de Daniel, duquel Dieu sauve trois enfants juifs jetés dans les flammes par le roi Nabuchodonosor car ils ne vénéraient pas ses idoles. Cette succession de plans fixes montre à la fois les installations pétrolières, menaçants monstres de métal perdus dans le désert, et ce feu sacré inscrit dans un cercle, mythique punition d’une idolâtrie, et devenu lui-même idole et objet de toutes les prédations contemporaines. Des gros plans de flammes, semblent sortir des voix, des choeurs, comme si le gaz et la chaleur déformant l’image voulaient rendre cette dystopie mélodieuse. Discrètement mêlées à la bande son, des choeurs de femmes en araméen, priant, enregistrées pendant plusieurs mois dans des camps de réfugié du Nord de l’Irak apportent la voix nécessaires des victimes les plus immédiates des conflits, donnant la profondeur biblique, archéologique et spirituelle que nécessite à la fois un tel lieu et le sentiment menaçant, quasiment apocalyptique qui se dégage de ces flammes et que révèle le titre : Pesé, Pesé, Compté, divisé.

Né en 1981 à Paris, Louis-Cyprien Rials à étudié le théâtre en France avant de découvrir la photographie au Japon, oui il a vécu plusieurs années. En 2007, il entreprends un voyage sur les traces du peintre Hiroshige pour livrer une analyse comparative du paysage japonais dans le temps. Depuis son retour du Japon, en 2008, il vit entre Paris, Bruxelles et Berlin, tout en continuant ses voyages souvent dans des pays non-reconnus internationalement ou dans des zones interdites au public qu’il voit comme des « parc naturels involontaires ». Parallèlement à son oeuvre photographique, il travaille sur le minéral et la relation que l’humain entretient avec les « pierres à images », livrant dans de grands tirages photographiques des paysages tirés des pierres, que l’humain se plait à associer à d’autres formes, par le phénomène de paréidolie. Le travail sur le paysage, sa profondeur, et l’interprétation que nous avons de ses représentations est une partie importante du travail de l’artiste, que ce soit dans des installations de projecteurs de dispositives générant des peintures-paysages, ou sa trilogie de vidéo sur le Désert et la violence, terminée en 2015 en Irak.