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Frederic Nauczyciel

The Fire Flies, Francesca, Baltimore

Vidéo | hdv | couleur | 1:6 | France, USA | 2012

"The Fire Flies, Francesca, Baltimore" Frédéric Nauczyciel, 2011/2012 "The Fire Flies, Francesca, Baltimore" est un road movie, une fable urbaine, une traversée de Baltimore en voiture le long de North Avenue, et une plongée dans la culture underground homosexuelle et transgenre des ghettos noirs de la ville. The Fire Flies, ce sont des lucioles, la flamboyance des Voguers de Baltimore qui se performent la nuit dans des Balls. En me rendant à Baltimore, j`allais sur les traces d?Omar, le personnage culte de la série "The Wire" qui a popularisé la Banjee Realness, cette posture de fierté des hommes homosexuels des ghettos en résistance à la culture dominante, une forme de dissimulation choisie destinée à déjouer les attentes. Je ne pensais pas m`intéresser au Voguing, cette danse performative née dans les ghettos noirs puis latinos de Harlem dans le New York des années 60 : une succession virtuose des poses des mannequins en couverture du magazine Vogue. La rencontre avec les Voguers s`est imposée, parce qu`ils sont tous Omar, selon le moment ou la situation. "The Fire Flies..." n`est pas un documentaire sur le voguing, donc, mais le making off d`un travail avec des voguers, tiré de leur réalité à Baltimore. "The Fire Flies, Francesca, Baltimore" est l`adaptation d`une installation vidéo multi-écran, présentée au Mac/Val*. Sur le mur extérieur d`une boîte, défile une traversée de North Avenue, qui sépare la ville en deux. A l`intérieur, des séquences quasi-brutes, sans sous-titres, se déploient sur trois murs. Le son des deux films se mélangent, envahit l`espace de la boîte pour créer un cinquième mur imaginaire. "The Fire Flies, Francesca, Baltimore" met en tension une traversée de Baltimore en apparence monotone et une plongée dans des abysses qui affleurent peu en surface, avec des intrusions sophistiquées de Francesca à New York. Le film joue comme une porte dérobée qui invite à pénétrer un monde parallèle. Se déploient des séquences en format vertical ou horizontal, rythmées par la musique et les sons, avec des temps morts, des accélérations, des plans séquences plus longs, des ruptures au noir - ou au blanc éblouissant - pour laisser des ambiances sonores ouvrir sur l?imaginaire de la ville. L?éclatement du montage rend compte de manière volontairement lacunaire d?une réalité qui ne peut se livrer complètement et met la vision en défaut. Il invite à appréhender ce langage des corps très codifié, à l?éprouver plutôt qu?à le comprendre. Le film propose une progression des documents bruts vers des séquences plus formelles, des sons scandés des Balls où les voguers performent et se défient, à la musique baroque de Bach et une danse improvisée - documentant ainsi le processus du travail de création lui-même. Dans dans sa version finale pour un écran, le film conserve son aspect expérimental avec une superposition des films mettant en regard la ville et les voguers. La scène d`exposition, calée au milieu du film, long plan séquence sur un parking, montre les personnages qui jalonne le périple, installe une narration reposant sur la rencontre improbable entre les Voguers, Francesca et Omar. Une traversée de la sensualité des faubourgs, une poétique de la survie. Durée : 56` * Mac/Val, musée d`art contemporain du Val de Marne à Vitry (Grand Paris), du 29 juin au 16 septembre 2012 dans le cadre de l?exposition temporaire "Situation(s)" (commissaire : Frank Lamy)

Frédéric Nauczyciel est né en 1968 à Paris et travaille à Paris et aux États-Unis. Il est diplômé d`un Magistère de Finance et d`un DEUG de Japonais. Administrateur de danse contemporaine, il découvre la force de la photographie par l`usage d`un Polaroïd. Il en fait sa pratique après avoir vu l`exposition Anthropologie Involontaire à l`Hôtel de Sully et la rétrospective Philip-Lorca diCorcia au Centre national de la Photographie en 2003. 

 Sa démarche est nourrie par la photographie américaine et la danse (héritées de sa collaboration avec le chorégraphe Andy DeGroat), la peinture, ainsi que le cinéma qui a nourri son adolescence en lointaine banlieue. En réalisant une image rejouée dans l`instant dans un café de Little Italy à New York en 2004, il renoue avec l`expérience partagée du Polaroid tout en intervenant dans la mise en scène et le travail de la lumière. Les scènes et portraits construits avec ses sujets sont mis en partage pour produire des images qui dépassent la seule identité, un va-et-vient entre biographie, document et fiction, pour dégager une part intime du réel.

 Ses travaux personnels lui ont valu les commandes de la Ville de Paris, du Centre Pompidou (Paris et Metz, département Jeune Public), du Festival d`Avignon, de la Ville de Pantin, du Théâtre National de Chaillot? et de la presse ; ainsi que des collaborations artistiques avec la circassienne Satchie Noro, la chorégraphe Germana Civera, le Centre Dramatique National d?Orléans (direction Arthur Nauzyciel), l?École Régionale d`Art de Besançon.

 En 2007/2008, il est lauréat d`une Carte Jeune Génération Culturesfrance (Institut Français) et d`une résidence à l`Institut français de Barcelone pour Demeure Intime, reconstructions de l?intime familial (Stockholm, Paris, Barcelone). 
 En 2008, il expose au festival d?Avignon trois tirages monumentaux du Public assis dans les gradins de la cour d?Honneur; des photographies plein cadre réalisées avec un temps de pause égal à la durée de la représentation. La carte blanche donne lieu en 2009 à une résidence à l?Ecole Régionale d?Art de Besançon et au Centre de Photographie d?Ile de France pour l?exposition Ceux qui nous regardent.

 En 2010, à la demande du Centre d?Art et de Photographie de Lectoure, il réalise un ensemble fini de 9 portraits, Le Temps Devant, une série d?images fortement mises en scène et d?inspiration picturale qui évoquent l?utopie rurale, le rapport au temps qui passe et l?anachronisme. Il fait son entrée dans la collection du Fonds National d?Art Contemporain. The Fire Flies (Baltimore), ensemble de photographies, de films et de performances, projet pour lequel il est lauréat du Programme Hors les Murs ? Institut Français pour les Etats-Unis (Baltimore) en 2011, interrogent la dissimulation et les représentations du corps masculin en milieu hostile. The Fire Flies, Francesca, Baltimore, installation vidéo pour 4 murs, est, après une première version pour la Nuit Blanche, présentée au Mac/Val (Vitry, grand Paris). Ce projet, mené avec des Voguers de Baltimore, performeurs homosexuels et trans genres des ghettos noirs de la ville, l?amène à ouvrir sa pratique photographique à tout ce qui pourrait rendre compte de l`expérience et mettre en jeu le corps, de la vidéo à la danse. Il collabore régulièrement avec l`anthropologue Eric Chauvier, l`écrivaine Anne Brunswic, la sociologue Nacira Guénif ainsi qu?avec les performeurs Elise Ladoué, Aragorn Boulanger, Francesca et les Voguers de Baltimore, New York et Paris.