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Mohamed Bourouissa
Généalogie de la violence
Fiction | dcp | couleur | 15:15 | France | 2024
Imaginez un film sur les violences policières — sans violence. Un film où rien ne se passe, et pourtant vous restez sidéré. Une violence invisible, dissimulée sous l’humiliation légale. Une domination enveloppée dans des protocoles polis. J’ai commencé à parler de ce court métrage en 2018, mais son idée me hantait sans doute depuis la fin des années 1990, lorsque j’ai commencé à être constamment arrêté par la police pour des « contrôles d’identité aléatoires ». J’ai ressenti l’urgence de raconter cette histoire intime. Avec sa série de sculptures en aluminium coulé — esquisse du projet plus vaste Généalogie de la Violence — Mohamed Bourouissa cherche à transmettre les sensations intimes qu’une procédure formelle peut infliger, les traces qu’une pratique judiciaire systématique peut inscrire, au-dehors comme au-dedans du corps. Ces sculptures représentent des instants de palpation lors de fouilles corporelles. Elles évoquent la tension entre des fragments de corps et les mains qui les examinent, révélant un point de contact entre les corps sociaux et le corps de l’État. L’artiste dévoile l’expérience intérieure de ce que la notion de contrôle impose en termes de dépossession corporelle. Cette intériorité se matérialise dans le vide qui habite les œuvres. À travers elles, Mohamed Bourouissa figure une dynamique émotionnelle qui met en scène deux corps masculins — soulignant le rapport de force et la domination de l’un sur l’autre.
Mohamed Bourouissa est né en 1978 à Blida (Algérie). Il vit et travaille à Gennevilliers. Il est représenté par les galeries Mennour (Paris) et Blum (Los Angeles). Exposé en 2010 au Palais de Tokyo et au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris à l’occasion de Dynasty — une proposition commune des deux institutions visant à mettre en lumière une nouvelle génération d’artistes français — Mohamed Bourouissa a depuis présenté son travail dans de nombreux musées et biennales internationales (Rencontres internationales de la photographie d’Arles ; Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris ; Centre Pompidou, Paris ; New Museum, New York ; Barnes Foundation, Philadelphie ; Stedelijk Museum, Amsterdam ; Frankfurt am Main ; Le Bal, Paris ; Haus der Kunst, Munich ; Biennales de Sydney, Sharjah, La Havane, Lyon, Venise, Alger, Liverpool, Berlin ; Triennale de Milan…). Ses œuvres figurent dans de nombreuses collections publiques et privées (Centre Pompidou, Paris ; SF MoMA, San Francisco ; LACMA, Los Angeles ; Collection Pinault ; Fondation Louis Vuitton, Paris ; The Israel Museum, Israël…).