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Gabriela Löffel
Nous n’avons pas besoin de nous connaître à l’avance
Installation vidéo | hdv | couleur | 20:15 | Suisse | 2024
« Nous n’avons pas besoin de nous connaître à l’avance » est une œuvre vidéo hybride, qui alterne des moments de performance dansée, des images d'archives et des citations textuelles. Gabriela Löffel s'appuie sur l'aspect politique de l'espace public pour construire sa réflexion et développe un essai visuel qui met en scène la "performativité des corps dans cette zone d'action politique". En puisant dans l'œuvre écrite de Judith Butler, philosophe et théoricienne du genre états-unienne qui a travaillé sur la question du corps et de sa représentativité normée dans nos sociétés contemporaines, Löffel donne véritablement une corporéité aux questions soulevées par l'auteure. Les citations issues de l'œuvre de Butler sont données à voir en parallèle aux éléments dansés et archivistiques de la vidéo. La caméra presque fixe permet d'examiner en détail les gestes lents et précis des danseur·euse·s. Les déplacements de l'appareil sont presque imperceptibles, tant ils sont subtils. L'artiste et le chorégraphe Cédric Gagneur ont étroitement collaboré afin de définir les divers mouvements qui composent la chorégraphie : ils proposent une abstraction des gestes de résistance ou de révolte, tirés des images d'archives issues de la collection des Archives contestataires de Genève. La lenteur et le silence habitent la pièce et donnent suffisamment d'espace au corps pour qu'il puisse se déployer de manière individuelle ou en collectivité. L'œuvre propose ainsi une dialectique du potentiel de revendication dans l'espace public. Œuvre coproduite par le Fonds cantonal d'art contemporain, Genève, avec le Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève pour le programme MIRE.
Gabriela Löffel travaille principalement avec des médias temporels et se concentre sur les zones grises des structures politiques et financières, ainsi que sur les infrastructures. Le déplacement et la traduction de l’immédiat documenté vers les champs de l’interprétation et de la mise en scène sont des stratégies qu’elle utilise dans son processus de travail. Une méthode qui donne souvent lieu à des projets à long terme et lui permet de créer des espaces de questionnement et de proposer des ruptures avec les récits linéaires. Elle s’intéresse à l’obliquité du sujet et de son contexte. C’est dans ce décalage, induit par sa manière d’aborder les sujets, que son travail ouvre des réflexions sur le sens de la compréhension d’un monde lorsque l’on prend conscience de la fragmentation de nos connaissances. Son travail a été présenté dans des institutions et des galeries dont MAST Bologne, Aargauer Kunsthaus, EMAF Osnabrück, Galería Metropolitana Santiago, Dazibao Montréal, la Biennale Kochi-Muziris et autres. Gabriela Löffel est lauréate du Swiss Art Award, du Lewis Baltz Research Fund, de la bourse Landis+Gyr, ainsi que d'autres.