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Amie Barouh
Okinawa
Installation vidéo | mov | couleur | 27:32 | France, Japon | 2023
À la rencontre de voix, de visages et de paysages, le film okinawa est une traversée à la fois documentaire et onirique dans l’épaisseur spatiale et temporelle d’un archipel aux confins du Japon et de ses enjeux géopolitiques et environnementaux.
Amie Barouh défend un documentaire expérimental s’attachant à donner la parole à des personnes évoluant dans les marges à l’instar de la communauté Rom. Son travail relève ouvertement d’un journal filmé et s’inscrit dans l’idée que tout savoir est situé, que tout cinéma, aussi informatif soit-il, est forcément subjectif. Motivés plus par des affinités que par une volonté dogmatique de « faire cinéma », les films d’Amie Barouh, entre documentaires et essais visuels, visent avant tout à transmettre une expérience, prise comme telle, et partent souvent d’un événement marquant la vie de l’artiste, à l’instar d’une rencontre. Amie Barouh ne se contente pas d’observer ceux et celles qu’elle filme. Elle vit ou a tissé un lien particulier avec eux·elles. Mue par la curiosité et l’envie de rencontrer des membres de la communauté Rom, l’artiste se fait « adopter » par une famille et intégre leur camp en banlieue parisienne. C’est en vivant avec eux, et après 2 ans de vie commune, qu’elle commence à les filmer. Ne cherchant pas à masquer les marques d’expression subjectives, les vidéos d’Amie Barouh rompent complètement avec l’illusion d’objectivité documentaire. L’artiste met non seulement en jeu son histoire personnelle, mais aussi son corps dans la matière de ses documentaires. C’est particulièrement le cas dans Je peux changer mais pas à 100%, une œuvre qui retrace sa relation amoureuse échouée avec Bobby, un Rom roumain consommateur de crack et vivant dans la rue de menus larcins. Les films d’Amie Barouh sont toujours tendus par la recherche d’une juste proximité avec les personnes dont elle capture l’image. La « bonne » distance reste cependant toujours instable pour le plus grand plaisir du spectateur. La caméra, troisième œil et troisième bras de l’artiste, négocie en temps réel la nature des relations qu’elle – en tant que documentariste mais avant tout en tant que personne – entretient avec ses sujets. La mise en scène et le montage subjectif épousent ses élans du cœur, d’où le caractère tantôt impressionniste, tantôt réaliste des images, restituant toute la complexité à documenter des mondes auxquels on n’appartient pas. Elodie Royer. Élodie Royer Biographie Élodie Royer est commissaire d’exposition indépendante, doctorante en recherche-création à l'ENS au sein du laboratoire SACRe. Sous forme d!entretiens, de textes et d!expositions, ses recherches actuelles s’attachent à relier des pratiques d’artistes femmes au Japon en regard de leur ancrage dans des milieux de vie bouleversés par des désordres environnementaux, de l’histoire des catastrophes et de l’écoféminisme. Depuis sa résidence à la Villa Kujoyama à Kyoto en 2011, elle travaille de façon régulière sur et avec la scène artistique japonaise. En 2022, elle a conçu l’exposition Les Êtres Lieux à la Maison de la culture du Japon, et entre 2016 et 2020, une série d’expositions commissionnée par KADIST et le MOT Musée d’art contemporain de Tokyo en collaboration avec Che Kyongfa (Things Entangling, MOT; Les nucléaires et les choses, KADIST; Almost nothing, yet not nothing, Tokyo University of the Arts). Elle est aussi membre des comités d’acquisition de la Fondation KADIST et du FRAC Rhône-Alpes ; et des comités éditoriaux de TextWork, plateforme éditoriale de la Fondation d’entreprise Pernod Ricard et de PALM, magazine en ligne du Jeu de Paume. Auparavant, elle a conçu des expositions au sein de nombreuses structures d’art contemporain publique et privée en France (Palais de Tokyo, Le Plateau/FRAC Ile-de-France, gb agency, DOC!, etc.) et à l’international (Mercer Union à Toronto, Tate Modern à Londres, GAMeC – Galerie d’art moderne et contemporain à Bergame, etc.). Avec le commissaire d’exposition Yoann Gourmel, elle a notamment mis en place le programme 220 jours en 2007- 2008, en dialogue avec les artistes Isabelle Cornaro, Julien Crépieux, Mark Geffriaud, Benoît Maire, Bruno Persat, Chloé Quenum ou Raphaël Zarka: http://220jours.blogspot.com/.