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Michiel Van Bakel
P-9830
Film expérimental | 4k | couleur et n&b | 5:10 | Pays-Bas | 2020
Les paysages naturel et technologique du port de Rotterdam se côtoient de façon récurrente. Ce phénomène est capturé par l'œil de verre d'une caméra. Un œil un peu plus littéral que d'habitude dans cette analogie: la lentille de l’objectif est creuse, soufflée à la main et ne fonctionne que lorsqu'elle est remplie d'eau. L'eau contenue dans la lentille est extraite du canal et de la mer sur les lieux du tournage. Les petites impuretés de l'eau sont donc filmées indirectement, sous la forme de particules qui flottent à travers la lentille, comme les filaments que chacun voit parfois flotter devant ses yeux. Le paysage côtier néerlandais est filmé à travers l'eau provenant du paysage qui se trouve devant nous. La technique de prise de vue employée est aussi hybride que le sujet lui-même. La caméra est un modèle numérique bricolé, qui utilise un vieux scanner à plat comme plaque photosensible. Cela produit des déformations spatio-temporelles inattendues, par exemple sur les pales des éoliennes. Il ne s'agit pas de filtres ajoutés, mais de déformations qui ont lieu à l'intérieur de la caméra. Le temps s’avère d'autant plus élastique. En outre, le filme joue avec l'image photographique du monde matériel et de ses éléments classiques: l'eau, la terre, l'air et le feu. Malgré la crise du Covid, qui sévit au moment du tournage, le port apparaît comme une immense entité vivante, un robot ou un Léviathan avec sa propre pulsation de vie.
Michiel van Bakel est né en 1966 à Deurne (Pays-Bas). Il a étudié l'astronomie à l’Université de Leiden (Pays-Bas) et la psychologie à l’Université de Nimègue (Pays-Bas) pendant plusieurs années, avant de s’orienter vers l'art visuel autonome, à la Art Academy Psychopolis, La Haye (Pays-Bas), et à la Art Academy H.K.A Arnhem (Pays-Bas). Michiel van Bakel s'exprime à travers des films et vidéos, des sculptures, et des installations. Son travail se concentre sur les gens et leur environnement, ce qui crée souvent une réalité poétique. Il transmet sa fascination pour la tension entre l'homme et la technologie, la perception du temps dans notre délicat écosystème, créé par l'être humain. "Quand je regarde autour de moi, je vois beaucoup de technologies qui visent à réduire la réalité à ce qui est prévisible, en la catégorisant et en l'automatisant. Je veux utiliser la technologie pour susciter l'émerveillement et transcender réalité et prévisibilité. J'aime visualiser des choses qui étaient auparavant invisibles et, en ce sens, enrichir mon expérience de la réalité. C'est ce qui m'incite à utiliser des techniques expérimentales de vidéo et d'animation. Je considère les dispositifs tels que les caméras, les scanners et les algorithmes de traitement d'images comme une extension de mes sens. Avec eux, je manipule des images qui sont pour moi des sortes d’ancrages dans le temps, mais aussi des images de mon environnement urbain: ma 'condition urbaine'." Les thèmes récurrents de son travail sont l’examen de la perception humaine, l'expérience du temps, la désorientation et l'instabilité.