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Guillaume Linard-osorio

Os candagos

Art vidéo | dv | couleur | 8:10 | France | 2010

En 1964, quand Philippe de Broca tourne L?homme de Rio, Brasília est un vaste chantier. Avant d?abriter les hautes classes sociales recherchées, la ville doit composer avec une population indésirable mais indispensable, les constructeurs. Appelés aussi « candagos », cette population immigrée représente 55% de la population active, mais il n?est pas question pour le gouvernement qu?elle s?installe durablement dans le District fédéral. Aussi est-elle logée directement sur le chantier ou dans les villes satellites. La vidéo Os candagos est tirée d?un extrait de L?homme de Rio qui se déroule à Brasilia. Outre la dimension burlesque du film original, ce passage offre un point de vue exceptionnel sur la ville en 1964. La séquence est retravaillée image par image ; Belmondo y est effacé ainsi que toute trace de vie. Par ce geste j?ai voulu fondre les notions de matérialité et d?utopie en un même mouvement pour questionner les enjeux de la réalisation d?un projet tel que Brasilia. Les traces laissées par le processus d?effacement révèlent a fortiori une certaine présence ; celle des acteurs et des ouvriers. Le vent et la poussière règnent. Brasilia, point d?orgue du modernisme, devient ville fantôme.

Né à Montereau (77) en 1978, titulaire d?un Diplôme Supérieur d?Arts Appliqués (Ecole Boulle, Paris, 2002) et d?un DPLG (ENS Malaquais, Paris, 2007), Guillaume Linard-Osorio questionne dans son travail la notion de projet et les outils de représentation du réel. L?acte de déconstruction et l?acte de construction y sont des processus similaires qui permettent de révéler les fondements de notre environnement, la face cachée, l?insondable parfois. Ses compositions, quel que soit le medium utilisé, s?apparentent à des formes architectoniques libérées de toute fonctionnalité ou à des matériaux bruts, en attente de mise en forme. Sa production se situe en quelques sortes dans l?épaisseur même du décor. Partant d?une confrontation du monde des images à celui de la matière, son travail oscille entre documentation du réel et fiction pour finalement s?encrer dans un territoire insolite, à mi-chemin entre mécanique et illusion. S?intéressant davantage aux conditions de l??uvre qu?à l??uvre elle-même, Guillaume Linard-Osorio perçoit le monde physique comme un système d?objets dont les connexions seraient redevenues conceptuelles. Dans son travail l?interprétation vacille, les objets cohabitent avec leur fantôme, le temps est suspendu, étiré, parfois inversé, rien est accompli. Tout reste en puissance.