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Julie Chaffort

HUNT HUNT

Fiction | mov | couleur | 32:48 | France | 2018

HUNT_ Figurant. Personne chargée de tenir un emploi secondaire, généralement muet, et, le plus souvent, dans un groupe tenant le même rôle. Par analogie Personne qui, dans la société, tient un rôle dont l’importance n’est qu’apparente et non effective. Ce qui caractérise le plus le travail de Julie Chaffort, c’est le refus des figurants. Même ceux qui nous tournent le dos, ceux qui marchent trop loin pour que l’on distingue leurs traits ou ceux qui se dissimulent derrière les fougères, ceux qui apparaissent masqués ou ceux qui conservent le silence, tous ceux-là sont des personnages et non des figurants. Et même le buisson aux reflets roux, qui rampe sous la pluie. C’est toute la grâce du film de Julie Chaffort de nous rappeler que chaque détail est signifiant : les frottements que les gants des boxeurs produisent quand ils s’entraînent à ne pas prendre de coups, le rythme doux des gouttes de pluie dans les arbres de la forêt, les gestes de goéland dans les violents rouleaux océaniques pour continuer à résister. "Hunt" est un film réalisé avec des jeunes en situation de rupture et des habitants du pays basque.

Les vidéos de Julie Chaffort mirent le paysage, le toisent et le parcourent ; on y croise des hommes au destin tragique et des héros aussi beaux que les chants qui les accompagnent – peut être pour en donner la mesure. Les gestes accomplis sont tout à la fois drôles et absurdes, l’avenir toujours incertain et les paroles s’envolent, attrapées par les branches d’une forêt ou englouties dans les eaux d’un lac. La vacuité des territoires impose à l’artiste des images qu’elle fait naître de façon sensible, voire irraisonnée. L’artiste ouvre des univers parallèles, atemporels et insituables, où le monde se signale à nous par ses infimes déplacements et l’infinité de ses signaux – étrangement menaçants. Aussi l’artiste réussit-elle l’exploit de ramener le sujet humain au même niveau que le paysage dans lequel il se trouve ; changeants et imprévisibles, l’un comme l’autre communiquent au-delà du langage, à l’aide de signes pluriels et non autoritaires que les films nous invitent à recomposer. Pour Julie Chaffort, le cinéma est un médium dominant, naturel, qu’elle choisit très tôt de développer, à l’école des beaux-arts de Bordeaux où elle étudie, puis auprès de Roy Andersson qu’elle assiste, et de Werner Herzog dont elle suit le séminaire à sa Rogue Film School à New-York. En 2015, elle réalise le moyen-métrage La barque silencieuse, sélectionné en 2016 en compétition française et premier film au FID Marseille. Il est également projeté à la galerie Thaddaeus Ropac à Paris Pantin lors de l’exposition Jeune création 66ème édition et remporte deux prix indépendants. Julie Chaffort obtient en 2015 le prix Bullukian, puis le prix «Talents Contemporains 2015 » de la fondation François Schneider. Elle obtient l’année suivante le prix Mezzanine Sud et en 2018, elle est lauréate du prix Mécènes du Sud Montpellier/Sète.